Je parle seul,
Je
vais seul apaiser parce que n’est pas fou qui parle seul, qu’il faut bien du
temps perdu pour trouver sa liberté, à l’intérieur des mots et des mots perdus
pour retrouver son temps.
Je suis seul là au
milieu de rien comme une fatalité, une gageure, un rêve, une obligation, un
songe comme on voudra selon les dispositions de mon esprit, de mes désirs.
Je
suis prêt à entendre toutes les aspirations, à les comprendre, les admettre,
les aimer, pourvu que je ne renonce à ma mauvaise foi, à mes partis-pris, les
aprioris, les subjectivités malsaines et les commentaires gratuits qui
assassinent !
Qui
que vous soyez, j’ai tellement besoin d’une âme, il y va de ma vie...Voyez où
j’en suis. J’ai parfois le sentiment d’être fou dans un monde de fous et ne
trouve la paix que dans l’inconscience qui sauve. Il n’y a plus personne pour
personne. C’est pourquoi, je vous demande un peu d’attention. J’ai bien
conscience de vous demander beaucoup, peut-être trop.
Mais
j’ai été bien au-delà, même si j’ai vécu les heures terrible de l’amertume.
Aujourd’hui, je sais que je ne suis rien, rien, qu’une ombre défaite avec des
lambeaux de mots vides pour cacher ma pudeur.
Mes
nuits sont égales à mes jours, cimentées de défaites et d’humiliations sans
témoin. Il faut bien un jour ou l’autre, faire le point, tenter de se regarder
en face sans alibi ni circonstances atténuantes….
Quel
gâchis !
Malgré
les démentis et les preuves accablantes accumulées aux dossiers des âmes
perdues et des cœurs secs, je crois, je sais que derrière le rideau de la
mauvaise conscience se lève toujours la voix, imparfaite des révoltes et des
générosités, ces cris me réconfortent dans la solitude et la mélancolie. Je ne
suis pas épargné, moi non plus, par ces maladies modernes et ces maux de ce
siècle.
Je
dois paraître compliqué et bien sensible, mais je vous rassure je ne larmoie
pas….
Je suis assez
lucide pour demander mon dû humain, un peu d’écoute, de compréhension et de compassion,
un peu de ce qui naguère fait notre lot commun, un regard, une oreille, une
main tendue et au-delà de la bonté, ce regard, de la sympathie dans mon
oreille, de la chaleur dans cette main et des mots tremblants qui pansent les
blessures.
Nous
sommes trop vivants pour être éternels et nos pas sont comptés…Notre impatience
de sable aura raison du sablier, le tic-tac du cœur vaincra le cadran et nos
rêves iront bien au-delà du temps, peut-être…Mais pour l’heure …nos dépressions
n’ont pas arrêté la réalité, seulement nos consciences, brutalement et cette
brutalité se vrille en moi en une douleur qui ne se partage pas.
Un
moment de grande inconscience avant le grand saut …
Plutôt
que vous faire assister à cette mise en scène, je vais vous parler de ma vie ….
Ma vie
terrible, ma pauvre vie, ma vie magnifique, ma vie quoi !!
Mais
ne croyez pas que je vais sacrifier à la curieuse mode d’aujourd’hui de
larmoyer sur ce que la vie a plus de narcissique, de plus gluant dans la
psycho-quelque chose…
Non !
Il faut abolir les miroirs.
Sans doute aurait-il suffi de tourner le regard, les yeux
vides alors que murmure ne trouve pas sa voix, des mains qui voudraient dire
des mots, nos vies sonnent faux et ne font pas fuir nos pensées imaginaires, ni
nos fantômes de la nuit.
Et si nous nous donnions la main, pour sortir du bois
obscur, ou nous nous sommes enfoncés seul, on commencerait par se retrouver,
puis se regrouper pour entamer une marche lente, heureux de se rassembler sur
le même chemin. Nous ririons en nous narguant de notre enfance craintive, de
nos émotions infantiles.
J’ai
aussi des sourires de joies, de liesse, de fraternité, de communauté, j’entends
encore les cœurs battre ensemble…
C’est
que je dois bien vous l’avouer, j’ai aussi bien de mauvais souvenirs, des
cauchemars, des sœurs froides, j’ai vécu un temps mémorial si long !!
Même
si ma jeunesse fait illusion à cause de l’espoir qui rend jeune, j’ai des
siècles d’un fardeau sur les épaules, il nous est commun, familier et
quotidien, c’est de lui que j’aimerais me défaire en le partageant avec vous
enfin ….
Si je
me permets cet aveu, sans imaginer que je vous abasourdi avec mes plaies
intimes qui sont souvent identique et qui ne regarde personne…
Dans
tous les jardins, existe un endroit isolé ou pourrissent les mauvaises herbes,
tandis que s’épanouissent en plein soleil les fleurs et les plantes, où il fait
bon flâner en paix, en rêvant…
Mon
rêve est trop idyllique, je le sais, je subis aussi les moqueries et les
cynismes, dès qu’une joie simple provoque les fourbes qui exhalent de leurs
cimes noires.
Je ne
suis pas naïf au point de croire que les hommes sont égaux dans leur propension
au bonheur…
Je ne
juge personne, je déplore seulement, je ne fais que m’attrister car beaucoup
comme moi, non pas voulu ces absurdités sans nom, ces images de ces folies
sauvages, de ces hommes se mirant d’une haine sans fin, des hommes qui avait
promis des mots sacrés à leurs semblables, et qui font la sourde oreille à leur
détresse…
J’ai
appris à oublier pour survivre enfin, non suspendre est le mot exact,
oublier…jamais ! Cela m’empêche de dormir, mais l’insomnie n’est pas
l’agonie, je me plains pour comprendre…
Devrais-je
admettre qu’il existe deux mondes, celui de ceux qui ne dorment pas à cause de
celui de ceux qui meurent, et de ceux qui attendent la mort ?
Nulle
cloison ne vient interdire de regarder et de compatir.
J’ai
peur d’être confus car j’entrevois des cimes au-delà du chaos, un futur qui
transfigure, un rêve qui drape la réalité d’espoirs sans fin. Je sais bien que
nous nous interdisons d’une façon ou d’une autre nos rêves les plus fous et que
coupé du monde, nous chargerons nos congénères de vivre pour nous...
J’attends
ce moment, ou ce vécu dans l’enfance de l’humanité, un monde si beau et si
méconnu que chacun aurait pu écouter s’il avait su…
Mais voilà, nous
vivons dans un présent amnésique. Est-ce que nous perdons la mémoire que nous
écoutons nos sensations immédiates devenues des priorités vitales ?
A qui
offrirai-je mes bras de tendresse quand l’affection ne saura plus qu’un mot
signifiant.
Je
voudrais être ailleurs, loin, seul et caché…mais…c’est impossible…d’où vient ce
sentiment d’un devoir à accomplir pour tout oublier…tout !
Jusqu’à
l’ivresse de la dérision, j’ai glissé bien des fois sur ce pont balayé de lames
furieuses ou chaque instant, tout peut basculer et sombrer…mais chaque fois, un
sentiment plus fort que le basculement, plus fort que l’attirance du vide, est
venu redresser l’équilibre, la juste gravité au bord de la détresse. Ma propre
voix, à chaque fois me criait de faire confiance à mon pas que moi seul pouvait
juger de sa direction.
J’ai
remarqué, auprès des plus humains d’entre nous, ce principe propre à édifier
les plus beaux destins, mais j’ai constaté aussi cet étrange sentiment d’une
puissance chez ceux qui refusaient.
Alors
j’ai posé des questions, j’ai cherché à comprendre, mais nul mot ne me parvint.
Chacun se cache derrière leurs pensées qui se replient. J’ai supposé alors que
les mots étaient morts, les idées en sommeil. Personne désormais, n’est bien
sûr de comprendre, d’échapper au doute, l’indifférence à enfermé alors les
bonnes volontés, le faux à remplacer le vrai…Mon amertume est la première
marche de l’espoir et mon désespoir, la promesse du bonheur.
Partageons
la lucidité froide et le fardeau du malheur commun pour les envoyer au
néant…renaissant de nos angoisses ensemble, ainsi les donneurs de leçon et les
indicateurs de fausses pistes disparaîtront de leur propre enchantement…je
cherche une personne présente, libérée de son enfermement, qui sait sourire et
donner la main, penser et rêver en même temps, une conscience cristalline, doué
de lucidité, de bonté, mû par la générosité qui grandit, je sais que cet
être-là survit en chacun de vous, volontaire et unique.
Que
viennent ces mots, liesse, gaieté, espoir…
Rien de plus beau que la vie insouciante, qu’un mépris du
temps léger et frivole. Une conscience lucide jamais n’atteindra l’éternité. Et
pourquoi faire ?
Rien
ne compte que cet infini de rêverie, ce temps intérieur qui fuit goutte à
goutte avec des échos sans repères, une fatigue sans sommeil et sans rêve.
On a
le temps qu’on mérite.
Demain, il me faudra partir… le temps s’écoule…. Je n’ai
pas voulu abuser, j’ai usé de votre patience. Dans les moments intimes de ma
solitude, vous penserez à moi, vous dessinerez un visage comme vous le rêvez et
après de longues réflexions …
Peut-être
vous pourrez murmurer mon NOM…